Volant au-dessus de sa terre natale, Swanhilde observait les environs, surveillant de potentiels troubles internes ou venant de l’extérieur. Ne constatant rien d’alarmant, la protectrice revint au quartier de l'Hyrða. Après avoir vaqué à ses occupations, Swan quitta les lieux pour se rendre auprès de ses enfants. Mais lorsqu’elle arriva dans la demeure familiale, sa mère lui indiqua que ses filles étaient sorties jouer sous la surveillance de leur frère. Ce dernier faisait un séjour de quelques jours sur Fẚlki avant de retourner sur Snẚkr. La jeune femme se rendit vers la destination indiquée par sa mère, un peu préoccupée car elle conservait toujours une pointe d’inquiétude pour ses enfants, surtout connaissant la faune sauvage. Lorsqu’elle parvint à la proximité de la forêt, Swan fronça les sourcils en voyant une silhouette inconnue jouant avec ses enfants. Un homme qu’elle ne connaissait pas. Elle s’approcha du groupe en toute discrétion, comme à son habitude et les observa quelques instants avant de se manifester. Un simulacre de combat opposait Alrik à cet inconnu qui fut défait par le garçon. Ses filles encourageaient leur frère avec enthousiasme. Ils ne semblaient pas effrayés par cet homme dont le gabarit ne correspondait pas vraiment à celui d’un guerrier mais la protectrice avait appris à se méfier des apparences. Swanhilde finit par s’avancer pour signifier sa présence et ce fut Elfride qui la repéra en premier et qui vint à sa rencontre d’un pas sautillant.

- Regarde Maman, le M’sieur a retaillé mon bâton, déclara la fillette en montrant son bout de bois à Swan. Celle-ci le saisit pour l’examiner avant de le rendre à sa fille.
- Je vois, c’est plus pratique et moins contraignant à tenir n’est-ce pas ? La petite hocha la tête vigoureusement avant de rejoindre sa sœur.

Swan porta son attention sur l’homme, son regard était méfiant bien que son attitude ne soit pas hostile. Elle le détailla rapidement, évaluant son potentiel combattif en cas de confrontation, habitude prise à force d’entrainements. Elle portait sa tenue de protectrice en cuir et sa dague à la ceinture.

- Je ne crois pas qu’on se soit déjà rencontré, à qui ai-je l’honneur ?

Même si elle ne connaissait pas tous les habitants de l’île, elle patrouillait suffisamment pour en connaitre bon nombre. Sachant que le nombre d’homme sur Fẚlki était plutôt restreint, il était facile de les reconnaitre, or son visage lui était inconnu. Un visiteur ? Elle avait entendu parler de personnes souhaitant s’installer sur l’île par ses compagnes de l'Hyrða, faisait-il partie du lot ? Et d’où venait-il ? Elle le découvrirait bien assez tôt dans la conversation.

Un marchand arrivé depuis peu… Swan pencha légèrement la tête, pensive, faisant tomber une mèche sur son front. Logan Skall, son nom n’avait pas la consonance de ceux des îles, ce qui intrigua la jeune femme. Aurait-elle affaire à quelqu’un du continent ?

- Un marchand ? De quelle région ? Et quels types de produits vendez-vous ? Une manière d’en apprendre un peu plus et de savoir ce qu’il pouvait apporter à son île en termes de marchandises. Puis elle finit par se présenter à son tour. Swanhilde Sygindὸttir, protectrice de Fẚlki, et mes enfants mais je crois que vous avez déjà fait connaissance.

La guerrière indiqua à demi mot son statut particulier, sans mentionner explicitement son appartenance à l'Hyrða, il était tout à fait possible que son interlocuteur ne fasse pas le rapprochement surtout s’il ne venait pas de l’archipel. Néanmoins, il savait ainsi qu’il n’avait pas affaire à n‘importe qui, même si chaque Fẚlkidottir pouvait être considérée comme une protectrice de l’île. Swanhilde marqua un temps d’arrêt suite à la remarque de Logan, avant de gratifier ce dernier d’un sourire Indulgent. Elle avait bien vu qu’il s’était laissé faire, ce qui faussait le résultat du combat, pourtant elle ne releva pas ce fait, préférant abonder dans son sens. D’ailleurs son fils dut se rendre compte qu’il n’avait pas affaire à un véritable guerrier, il s’était déjà retrouvé à combattre plus expérimenté.

- Nous faisons en sorte que nos enfants sachent se défendre et qu’ils puissent défendre leur patrie. Savoir se battre est gage de survie surtout lorsque nous avons des voisins belliqueux.

Alrik glissa un regard en coin à sa mère, simplement parce qu’il vivait sur Snẚkr en raison des accords passés qui séparaient les familles des deux îles. L’opposition entre Fẚlki et Snẚkr était connue de tous et donnait l’impression de ne jamais cesser. Pourtant, les deux peuples savaient mettre leurs désaccords de côté lors de la Tveirbinda ou lors de marchandage. Quoiqu’il en soit, Swanhilde gardait toujours une certaine méfiance teintée de curiosité envers les étrangers et elle se demanda ce que Logan pouvait lui apprendre. Swan jeta un coup d’œil aux alentours pour vérifier que rien ne venait troubler la quiétude des lieux. Les bêtes sauvages n’étaient pas découragées par le climat lorsqu’il était question de chasser et durant l’hiver, la nourriture se faisait plus rare, poussant les bêtes à s’aventurer à proximité des habitations. C’était également une partie de son travail que de s’assurer qu’elles restent à distance des habitants. Son attention revint sur Logan.

- Où comptez-vous vous installer ?

Certainement dans la capitale à moins qu’il ne choisisse la côte pour épargner à ses visiteurs la montée jusqu’à Þoka, quoique cette dernière représentait le plus grand vivier de clients.

Un natif de Gamall ? Swan était intriguée, elle croisa les bras, pensive, se demandant ce qui avait motivé Lagon à venir dans l’archipel. Elle jugeait qu’il devait être bien plus intéressant de commercer sur le continent, bien plus important en surface et certainement en ressources que Kolmen. Elle n’avait pas encore eu l’occasion de se rendre là-bas, et compte-tenu de son poste, cela se révélait difficile de s’absenter pour un voyage aussi long. Composants alchimiques, peaux et autres matières, un panel plutôt large et il semblait qu’il soit ouvert à toute commande qui lui serait passée. La guerrière se demanda jusqu’où il pourrait aller pour honorer une demande mais garda cette pensée pour elle-même. Peut-être que si elle venait à remarquer certaines choses louches dans son commerce, elle enquêterait. La jeune femme répondit avec un sourire et un hochement de tête à ses salutations.

Ouvrir une boutique en ville… Cela lui paraissait logique, par contre Logan allait devoir se faire des relations pour appuyer son activité. Sur Fẚlki, les hommes étaient surveillés et pas forcément accueillis d’un bon œil. Logan ne fera certainement pas de cette île son pied-à-terre. Restera-t-il un nomade ou construira-t-il une boutique principale quelque part dans l’archipel ?

- Si vous démontrez votre utilité aux bonnes personnes, vous aurez moins de difficulté à obtenir la permission de vous installer.

Swan préférait ne pas se montrer trop optimiste pour le marchand, étant donné que la décision ne lui revenait pas bien que son avis puisse être sollicité. Au moins, il saurait à quoi s’en tenir et il ne sera pas étonné s’il se voyait refusé l’autorisation de rester. En tout cas, il prenait avec philosophie et une pointe d’humour le faible taux de présence masculine.

- Notre réputation peut en effrayer plus d’un et le poids de l’histoire a fait de notre île le refuge des femmes qui ne souhaitent pas du joug des hommes. Elle inclina la tête, un sourire en coin. Logan n’avait pas la carrure d’un guerrier et ne représentait pas une menace actuellement de son point de vue. Les Bjǫrnson sont mieux accueillis que les Snákrson, précisa-t-elle. Il faut se montrer persévérant pour avoir ses entrées chez nous, ajouta-t-elle en référence à une remarque précédente du jeune homme. Et montrer patte blanche, se dit-elle en pensée. Dans quelle auberge logez-vous ?

Swan s’enquit de cette information pour savoir où le trouvez, pour gardez un œil sur lui au cas où il poserait problème. Elle espérait simplement qu’il ne provoquera aucune altercation avec les Fẚlkiodottir qui peuvent se montrer assez protectrices et assez vindicatives pour certaines.

Spoiler:

Swanhilde
&
Logan

Destiny is calling us

Je devais bien avouer que les rencontres que j'avais pu faire jusqu'ici n'étaient pas toutes heureuses. J'avais revu Anja pour honorer sa commande, j'avais croisé la route d'Astrid qui était sans doute en train de me surveiller depuis mon arrivée, mais l'aubergiste qui m'avait accueillie avait quant à elle été très charmante. Était-ce dû au fait que j'étais un simple client, où m'appréciait-elle vraiment? Je n'en sais trop rien, partout où je passe j'essaie d'être quelqu'un de sympathique, souriant, la bonne humeur influence toujours les bonnes relations. Swanhilde semblait soucieuse de son île, comme beaucoup de Fálkis. Montrer son utilité aux bonnes personnes, c'était plus facile à dire qu'à faire, Astrid m'avait déjà dans le nez pour le simple fait que je viennes de Snákr et que je porte un service trois pièce. J'avais eu beau laisser mon arme à Sigrid et être le plus gentil du monde, elle se méfierai de moi jusqu'à ce que la terre explose. Mais Swan avait tout de même raison, j'avais l'impression qu'il n'y avait que sur Bjǫrn que montrer sa valeur n'était pas une obligation. Sur Snákr il faut prouver ne pas être une petite nature, et sur Fálki il faut prouver ne pas être un connard, le concepte est simple, bien que un peu dépassé à mon goût... "Je pense pour l'instant me contenter d'une boutique principale sur Snákr, nous verrons plus tard pour les extensions, le temps de... démontrer mon utilité aux bonnes personnes." Peut importe le temps que cela prendra, je souhaite surtout ne pas être interdit de séjour ici si jamais il devait y avoir une altercation.

Les enfants étaient partis jouer plus loin, les adultes étant en train de discuter, il s'était désintéressés de la situation. Ce qui est fort compréhensible, aucun gamin n'aime assister aux discutions d'adultes. Lorsque Swan me demanda dans quelle auberge mon baluchon m'attendait, ma mémoire me fit défaut, impossible de me rappeler le nom de l'établissement... Cette bâtisse ressemble de près ou de loin à toutes les autres, et je dois bien avouer que je n'avais pas fait attention à la grande inscription au dessus de la porte. "Le nom m'échappe, mais je pense que c'est la plus grande auberge du centre ville, puisque c'est celle qui a attirer mon attention." Voyant les enfants s'éloigner, je me disais que nous étions nous aussi immobiles depuis plusieurs minutes, et qu'une balade ne serait pas désagréable. "Que diriez-vous de continuer cette discussion dans les chemins de la forêt mademoiselle Swan?" Rester immobile n'était pas dans mon habitude, sauf quand j'assumais un court moment de repos, et bien que me reposer auprès d'une si jolie femme ne soit pas chose désagréable, je pense que ce serait bien plus mal perçu qu'une simple promenade.

CODAGE PAR AMIANTE

Snẚrk ? Le nom fit tiquer Swanhilde et elle plissa les yeux, jaugeant Logan d’un œil nouveau. Bien qu’il lui ait expliqué venir du continent, mentionner l’île des Snẚrkson n’était pas l’idéal pour se faire une place sur Fẚlki. Cela risquait de susciter la méfiance de la part des habitantes, il aurait mieux fait d’installer son commerce sur Bjǫrn pour diminuer les réticences. En fait, ce choix intriguait la guerrière et elle entreprit de questionner le jeune homme pour en apprendre davantage.

- Pourquoi avoir choisi Snẚrk pour la boutique principale ? Bjǫrn offre plus de perspectives en termes de commerce non ? Et la réputation de cette île est moins… Swanhilde ne trouvait le mot approprié et laissa quelques instants de silence avant de lâche su bout des lèvres. Douteuse…

Puis la jeune femme se fit la réflexion que Logan ne connaissait peut-être pas cette île et que Snẚrk était celle qu’il avait découvert en premier. Si elle se rappelait bien ce qu’on lui avait enseigné en géographie, l’île des Snarkson était la plus proche du continent. Elle finit par laisser ses pensées filer pour écouter la suite de la conversation.

- Je pourrais vous donner quelques noms…

Swanhilde se montrait plutôt amicale et prévenante avec le commerçant, mais elle ne pourra lui garantir que ces personnes abondent dans son sens. Logan lui faisait bonne impression pour l’instant. Ainsi il logeait dans la plus grande auberge de la ville, la guerrière voyait bien de laquelle il parlait et lui précisa le nom qu’il semblait avoir oublié. Puis il lui proposa de marcher un peu et elle sourit avec une petite moue lorsqu’il l’appela mademoiselle Swan. Elle se demanda si cela la chagrinait ou non qu’il use de cette appellation alors qu’ils venaient seulement de se rencontrer. Swanhilde observa ses enfants qui s’étaient éloignés avant de reporter son attention sur le marchand et d’accepter sa proposition.

- Oui, marchons un peu. Elle connaissait bien la région vu qu’elle patrouillait régulièrement pour surveiller l’île et ses environs. Elle fit quelques pas avant de poursuivre. En tant que marchand, vous verrez qu’il y a de nombreuses choses qui devraient vous intéresser sur Fẚlki, de quoi alimenter votre commerce si vous parvenez à vous faire une place. Elle posa un regard un peu rieur sur Logan tandis qu’elle pensait à certaines plantes aux propriétés recherchées mais à l’accès fort compliqué. Sera-t-il à la hauteur des dangers de l’île ? Elle ne saurait le dire pour l’instant. Œuvrez-vous seul ou avez-vous des acolytes marchands ? Parfois ils se regroupaient pour donner plus de poids à leur commerce, peut-être que Logan usera de cette méthode pour gagner en influence.